Accord de credit entre la Chine et le Bresil

Il porte sur 30 milliards de dollars et renforce le poids de Pékin au sein des pays émergents des Brics.

La Chine et le Brésil vont signer cette semaine un accord sur une ligne de crédit réciproque (swap) de 30 milliards de dollars que chaque État pourra utiliser pour ses réserves ou pour le commerce bilatéral.

«Il s’agit d’une mesure qui renforce la situation financière des deux pays, comme si nous avions une réserve additionnelle de moyens à un moment où l’économie mondiale est tendue», a expliqué le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega. Et de faire remarquer que la Chine est d’ores et déjà le principal partenaire du Brésil, avec des échanges qui ont totalisé 77 milliards de dollars l’an dernier.

Mais l’opération préfigure surtout la mise en route du fonds commun que les pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) souhaitent mettre un jour en place. Lors de leur dernier sommet, en mars 2012 à New Delhi, ils ont appelé ouvertement à la création d’une banque d’investissement dès à présent surnommée «South-South Bank», destinée à renforcer leurs relations.

Ces pays, qui pèsent 20 % de la croissance mondiale et 40 % de la population de la planète, ont vu leurs échanges bondir de 28 % entre 2010 et 2011, à 230 milliards de dollars. Selon l’Organisation des nations unies (ONU), leur part du commerce mondial est passée dans le même temps de 13,7 % à 15 %. Disposer d’une banque «serait un outil financier très puissant pour améliorer les possibilités commerciales et peut-être une étape majeure pour soutenir l’Union européenne dans ses efforts pour surmonter la crise financière», plaidait le ministre brésilien du Commerce, Fernando Pimentel. Mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’elle serait d’abord un levier pour contourner la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).

Les banques centrales des Brics ont passé un accord pour utiliser davantage leurs propres devises et moins dépendre du sacro-saint dollar américain ou de l’euro. Réduire leur demande de devises étrangères, c’est diminuer le coût des échanges, notent ces pays. C’est également le moyen de peser davantage sur la scène internationale.
Droit de vote accru

La Chine va connaître cette année une croissance de son PIB (produit intérieur brut) de l’ordre de 7,5 %, l’Inde d’environ 6,9 %, et le Brésil d’au moins 4 %. Et Pékin ne cesse d’augmenter ses prêts en yuans au pays émergents sans cacher son objectif: il veut que sa monnaie représente d’ici à 2030-2040, 20 % du commerce mondial, contre 8 % aujourd’hui.

Loin d’y être hostiles les Brics l’encouragent qui, comme l’Afrique du Sud, pensent «qu’utiliser la monnaie chinoise profitera largement à l’économie». Et, en attendant, ils poussent leur avantage comme ils viennent de le faire au G20 de Los Cabos au Mexique.

Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud ont accepté de renforcer leur contribution financière au Fonds monétaire international pour atteindre un total de 456 milliards de dollars. Mais, pour la première fois, ils ont fixé leurs conditions. Il faudra que le FMI soit à court d’argent. Et ce dernier devra mettre en œuvre la réforme accroissant le droit de vote des pays émergents.

(source : Le Figaro)

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Le Bresil, un Brics pas comme les autres pour l’Afrique ?

Le Brésil va-t-il devenir le prochain «grand-frère» du continent africain?

Lachaîne d’informations CNN a annoncé que le plus grand fonds d’investissement pour l’Afrique a été lancé par une banque brésilienne il y a près d’un mois.

La banque brésilienne BTG Pactual a dévoilé la création d’un fonds d’investissement en Afrique d’un milliard de dollars (environ 800 millions d’euros) qui serviront principalement à des projets dans les domaines énergétique, agricole ou encore des infrastructures.

Pour André Esteves, directeur de la BTG Pactual, le lancement du fonds se justifie par des données macroéconomiques globalement bonnes sur le continent africain avec une dette publique à hauteur de 60% du PIB en moyenne et un taux de croissance de 5% moyenne. Les investissements en Afrique sont «à long terme et obtiennent de bons retours».

En Afrique, les investissements chinois et indiens sont souvent évoqués, le Brésil, lui, est un partenaire commercial du continent africain quelque peu oublié. Pourtant ses échanges commerciaux avec l’Afrique ont quintuplé en une décennie, passant d’une valeur de 4 milliards de dollars en 2000 à 20 milliards de dollars en 2010, rapporte CNN.

Comme point d’entrée sur le continent, la sixième puissance économique du monde s’appuie sur des pays lusophones tel que l’Angola—où une compagnie brésilienne de construction Odebrech est d’ailleurs devenue le premier employeur privé du pays—, le Mozambiqueou Sao Tomé.

Une autre tactique d’approche? Mettre en avant les ressemblances culturelles: le Brésil n’hésite pas à insister sur son passé de pays colonisé et exploité. La puissance sud-américaine rappelle aussi qu’après le Nigeria, il est le second pays qui compte le plus de noirs parmi sa population.

L’ancien président Lula, avait fait de l’Afrique une priorité stratégique de son pays. On pourrait s’attendre à ce que le Brésil se tourne vers l’Afrique pour les même raisons que les autres Brics(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), c’est-à-dire afin de s’assurer une sécurité en matière de matières premières et d’énergies fossiles.

Pourtant, ce que le pays cherche sur le continent africain c’est à «diversifier ses marchés d’exportation —nourriture, graines, machines agricole— et à internationaliser la production de ses grandes compagnies» notamment Petrobas pour les hydrocarbures et Vale pour les mines.

En plus de l’économie, le Brésil a attiré l’attention de certains Etats africains sur ses méthodes de réduction des inégalités sociales.

 

(source CNN)

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